Comme les arbres les pierres les plantes
comme toute chose de la nature qui borde nos pas et nos regards
les sculptures d’Andres Blume sont évidentes
comme si elles avaient toujours été là
comme si elles avaient poussé à la nouvelle saison
elles émergent du sol avec les roches les collines les chemins
elles sont au paysage et le paysage est dans leurs lignes
elles ne s’imposent ni ne s’effacent
elles ne sont ni modestes ni supérieurs
elles ont leurs humbles nécessités
elles font lien entre les contours des collines l’architecture des lieux
entre le minéral et le végétal
entre les gestes et les empreintes
elles bornent nos pas et nos yeux
elles posent le centre de gravité de nos regards
dans leur fer s’écoulent le temps le sang
dans leur élan le feu la sève
la puissance du geste
la résistance de la matière
sculptures ouvertes sur le monde
portes du paysage
elles sortent des profondeurs du sol et de nous-même
élans telluriques et charnels
portes où l’on se pose pour être au monde
pour pénétrer le lieu
pour être son propre regard
chaque sculpture a son assise, son domaine
son aire son corps ouverts
où se croisent et s’élancent les lignes
où s’ordonne le lieu
chaque sculpture nous invite à nous asseoir
à nous poser pour regarder le monde
lignes essentielles
avant la confusion de nos regards
avant la confusion du monde et de nos perceptions
formes simples dans un monde complexe saturé raturé
formes fondamentales et nécessaires dans un monde chaotique
Parmi l’ondulation des collines, le frémissement des branches, les palpitations des fourrés, le graphisme des vignes, les sculptures d’Andres Blume nous retiennent et nous rappellent à un monde simple, calme et harmonieux.
CHRISTIAN GLACE, octobre 2010